Archive pour la catégorie ‘– Sages réflexions et sobres moments’

Bernard Maris vous parle du temps

22 mars 2015,

Montres molles DaliBernard Maris : “Pour Max Weber, le protestantisme (et aussi le catholicisme parce que la révolution industrielle se déroule en Europe) construit un nouveau rapport des hommes non seulement au travail, mais aussi, et surtout, au temps. Le capitalisme industriel a créé le monde moderne, celui ou le temps est devenu la rareté suprême.

Avec le capitalisme, les hommes oublient leur passé et se tournent vers le futur. Ils ressemblent à ces statues égyptiennes qui ont la tête tournée dans un sens et les mains dans l’autre. Les hommes dirigent leur visage vers ce qu’ils ignorent, le futur. Une révolution considérable comme l’imprimerie (qui, comme l’horloge, appartient à l’origine à la Chine qui ne sut ou ne voulut la démocratiser) permet d’oublier le passé puisque celui-ci est désormais écrit et banalisé jusque dans ses moindres évènements. L’homme peut se consacrer au futur, se projeter.

Alors, pourquoi le capitalisme est-il né en Europe et non en Chine ? David S. Landes répond dans un texte érudit (suite…)

Bernard Maris vous parle de consommation

27 février 2015,

I shop therefore I amBernard Maris : “…la surproduction survalorise la consommation et exacerbe les besoins. L’idéologie de la croissance dit, avec une horrible simplicité, qu’il faut travailler beaucoup pour acheter beaucoup. Et c’est reparti vers les voitures, les téléviseur, les téléphones, la micro-informatique et les médicaments, inutiles à 80 %. Derrière ce grand ronflement de la production-consommation, cette chaudière qu’est devenue la croûte terrestre, se cache une énergie, le pétrole, incroyablement bon marché. Elle part en fumée et en gaz à effet de serre, elle permet aussi bien de fabriquer des ordinateurs que de transporter par avion des pommes ou des fraises du Chili, pour les proposer sur les marchés parisiens à des prix dérisoires…

On est en plein dans la fable romaine “des membres et de l’estomac” : les membres se révoltent et quittent l’estomac, ce paresseux qui s’engraisse à leurs dépens. Peu à peu les membres dépérissent, car l’estomac ne leur transmet plus d’énergie et ils reviennent vite se souder au corps. (suite…)

Bernard Maris vous parle d’imitation

10 février 2015,

imitationBernard Maris :“L’homme est un imitateur. Un singe. Un copiste. Un animal qui regarde les autres faire et fait pareil. La copie, l’imitation relèvent de l’essence de l’Humanité. Elles ne sont d’ailleurs que d’autres noms donnés à l’enseignement et à l’apprentissage…Comment apprendre sans copier ? Comment parler sans copier et répéter ? Frédéric de Hohenzollern fit élever douze enfants par des muettes, en leur interdisant de leur parler par signes. Il espérait qu’il parleraient d’eux-mêmes hébreu…Tous moururent. Que serais-je, moi, modeste écrivaillon, sans les auteurs que j’ai lus et admirés ? Et tenté de copier ? J’aurais tellement aimé faire du Debord ou du Balzac…Après m’être noirci les mains dans le cambouis pendant des années, j’ai découvert comment mettre la chaîne de ma moto sans me salir. Erreur répétée, itération et solution : la base de la civilisation! La découverte naît de l’erreur, de la répétition, et…du hasard. C’est en refaisant cent fois un geste, que l’on découvre parfois quelque chose de fondamentalement nouveau. L’imitation et l’apprentissage sont deux grands ferments de l’invention.”

2006. Antimanuel d’économie 2. Les cigales.

Système agro-industriel contre générations futures

30 octobre 2014,

fnseapar Ghislain Nicaise

Dans une république idéale, l’Etat devrait avoir le monopole de la violence mais l’histoire a souvent montré que des groupes de pression peuvent s’emparer de ce droit pour mieux servir leurs intérêts, idéologiques ou corporatifs. L’agriculture qu’on voudrait d’hier, celle qui repose sur la destruction des sols, sur l’empoisonnement du milieu, sur la production de masse d’aliments carencés, celle qui est portée par la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) montre sa force par l’exercice répété de la violence. Cette violence se manifeste sous trois formes. (suite…)

Le mot de la fin

28 octobre 2014,

“On ne construit pas un barrage sur un cadavre” Noël Mamère

Badiou, Gauchet, Aubry, Mélenchon et les autres…

20 octobre 2014,
Unknown

Jean-Luc Mélenchon

Par Christophe Chelten

On n’aimerait pas se retrouver dépendant d’un régime dans lequel Alain Badiou exercerait son autorité de commissaire politique. Il est impressionnant de rencontrer un tel regard et une pensée aussi fixiste. Son invocation d’un communisme miraculeux qui résoudrait tous les problèmes des sociétés humaines est pathétique.

Les millions victimes du communisme réel, historique, vécu, n’ont pas troublé la vision onirique de Badiou. Il a la foi. Il croit aveuglément. Certes (suite…)

Pipi et éco-évolution

25 septembre 2014,

vache qui pisse gravurepar Ghislain Nicaise

Pourquoi pissons-nous ? L’évolution qui nous a conduit à excréter nos déchets azotés sous forme d’urée était-elle un avantage pour nos organismes de mammifères, ou plutôt pour l’écosystème qui nous abrite ? Les lignes qui suivent ne concernent que l’évolution du vivant, même si je n’oublie pas qu’elle n’est que le prolongement d’une évolution de la matière “inanimée”. Le consensus majoritaire chez les biologistes depuis le milieu du XXe siècle est la Théorie Synthétique de l’Evolution, qui intègre les contributions de nombreux auteurs (1). On peut se demander pourquoi la notion de sélection naturelle, due à Charles Darwin, est considérée comme un élément essentiel pour expliquer l’évolution et pourquoi si l’on doit retenir un auteur, c’est le nom de Darwin qui est retenu. Malheureusement les critiques (suite…)

Overshoot

19 août 2014,

Earth overshoot day 2014par Ghislain Nicaise

Mardi 19 août est la date à laquelle l’humanité a épuisé ses ressources disponibles pour l’année 2014 (1). Cette information n’est pas passée totalement inaperçue des médias français (voir Le MondeBiosphère) mais il me semble important d’en faire l’écho.

L’idée forte du “Earth Overshoot day” a été lancée par le Global Footprint Network (GFN). Le GFN est une institution animée par Mathis Wackernagel autour du concept d’empreinte (footprint) écologique, développé initialement dans sa thèse de doctorat (dirigée par William Rees). L’originalité principale de cette thèse a consisté à évaluer tous les besoins de l’humanité en surface de planète Terre disponible pour subvenir à ces besoins. On peut ainsi calculer l’empreinte de l’humanité, d’une nation, d’une ville ou même d’un individu, calculée en hectares globaux. (suite…)

Une 4e blessure narcissique ?

1 août 2014,

Freudpar Thierry Caminel

L’inéluctable décroissance de l’activité économique est connue depuis au moins 40 ans. En 1972 paraissait ainsi le rapport Meadows pour le Club de Rome intitulé « The Limits to Growth », qui montrait déjà que l’activité économique était nécessairement dépendante des flux de matières, et que ceux-ci ne pouvaient que se réduire. A la même période, Nicholas Georgescu-Roegen intégrait l’économie dans la thermodynamique, et notamment dans le second principe qui traduit l’irréversibilité des transformations de l’activité économique.

Pourtant, la plupart des économistes, hommes politiques, journalistes ou spécialistes, continuent de prendre pour hypothèse, implicite ou explicite, que le progrès technique permettra un fort découplage et une croissance “verte”. Cette hypothèse est basée sur des modèles macro-économiques de croissance endogène qui ignorent l’énergie en tant que facteur de production, donc manquant l’essentiel, et sur une vision optimiste des capacités de l’homme à trouver des solutions techniques aux problèmes qui se posent.

Freud écrivait que « le narcissisme universel, l’amour-propre de l’humanité, a subi jusqu’à présent trois graves démentis de la part de la recherche scientifique », (suite…)