Archive pour la catégorie ‘– Sages réflexions et sobres moments’

La femme et/est l’écologie

8 mars 2011,

A l’occasion de la Journée de la Femme nous reproduisons cet article publié dans le  Sauvage n° 43, 1er juillet 1977


La femme semble plus douée que l’homme pour pratiquer l’écologie : son corps sait s’adapter aux modifications de l’environnement et son esprit perçoit avec acuité les choses du quotidien, les vibrations de la vie.

Un manifeste d’Anne-Marie de Vilaine, avec le concours bénévole de Sandor Ferenczi et Virginia Woolf.

La femme et l’écologie… Pourquoi pas la femme est l’écologie ? L’organisme féminin et les valeurs féminines pourraient très bien symboliser l’écologie aujourd’hui : la femme s’érige comme un manque qui est en passe de dominer (plutôt de miner) notre civilisation bien davantage que le symbole phallique omniprésent.

Si l’écologie, c’est d’abord rétablir et préserver l’équilibre naturel de la planète en instaurant les relations de l’homme et de l’environnement — et des hommes entre eux — sur un mode d’adaptation mutuelle et non unilatérale, un véritable renversement des valeurs est devenu nécessaire.

Conquérir, exploiter, tirer profit… Depuis l’origine des temps, l’homme a continué sur sa lancée. Il est maintenant au sommet de la spirale folle du progrès, prêt à basculer dans le cosmos, tant il a perdu contact avec la terre. Homme-machine, il a des choses de la vie (et de la mort), de son prochain et des rapports humains, une notion plutôt abstraite, aussi confie-t-il à des spécialistes le soin d’analyser, et si possible, de prévoir et de codifier ces phénomènes dérangeants. D’où l’essor des sciences humaines…

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Les seins, les hanches et les pesticides

16 février 2011,

Il y a déjà quelques années, lors d’un séjour dans le laboratoire de biologie marine de Woods Hole (Massachusetts) j’ai pu assister à une conférence qui n’a laissé personne indifférent dans l’amphithéatre. La conférencière, chercheuse faisant autorité dans la biologie du développement précoce des embryons, expliquait comment elle et son équipe avaient mis de côté des recherches fondamentales sur le cycle cellulaire pour se consacrer à l’étude d’une famille de polluants. Pour ses études, elle utilisait des oeufs de clams. A partir du moment où elle transvasait ces oeufs dans des éprouvettes jetables en plastique, le développement était perturbé. Au départ, elle avait tout soupçonné sauf l’éprouvette elle-même, couramment utilisée dans les laboratoires de biologie. Le plastique libérait des quantités infimes d’une molécule pouvant agir sur les récepteurs des cellules embryonnaires. (suite…)

Chers lecteurs du Nouvel Observateur

11 février 2011,

Bonjour les anciens lecteurs du Sauvage et les nouveaux venus, qui avez lu notre annonce dans le Nouvel Observateur du jeudi 10 février 2011

Vous retrouverez l’histoire de nos liens avec le Nouvel Observateur dans la rubrique “Gloire à nos illustres pionniers”  dans l’article “Histoire du Sauvage”.

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Formidable simplicité

4 février 2011,

(reprint le Sauvage août-septembre 1991)

« Eh bien alors…Comprenez que ce n’est pas tout d’avoir de l’argent, du confort, de la vitesse, de la chaleur, des boissons, de l’instruction, de l’éducation, le téléphone, des chiens, de la sensibilité, de l’exquisité, de la finesse, de la répartie, de la maigreur, de la souplesse, de la propreté, de la propriété, des photographies, le fou rire, de la société, le sourire, de la philanthropie. Il y a un moment où l’on éprouve le besoin d’être seul et sérieux et où l’on envoie tout dinguer par-dessus les étoiles. La rue bien nettoyée est à vous : ses arbres, ses chevaux, ceux qu’il y a encore. Un formidable Napolitain pisse contre un mur. On lui parle : il ne parle pas. Son gros regard est chargé, son gros pas fait crisser les pierres. Il est bon : c’est l’homme. Ayez donc un peu d’humanité…

L’homme-humain doit vivre seul et dans le froid : n’avoir qu’un lit -petit et de fer obscurci au vernis triste- une chaise d’à côté, un tout petit pot à eau. Mais déjà ce domicile est attrayant ; il doit le fuir. A peine rentré, il peut s’asseoir sur son lit, mais, tout de suite, repartir… »

Charles-Albert Cingria, la Fourmi rouge, L’Age d’homme éd.

La civilisation a commencé quand le premier arbre fut abattu, elle touchera à sa fin quand le dernier sera abattu.

Gottlob König, chercheur forestier du XIXe siècle

1972 La dernière chance de la Terre (hors série du Nouvel observateur, juin juillet 1972)

3 février 2011,

Moment  fondateur du discours de l’écologie politique en France dont voici un résumé par Michel Sourouille :

Sur notre site

1/9) Pour éviter la fin du monde…

éditorial d’Alain Hervé

Les malheurs qui nous attendent sont étranges car ils sont le fruit de l’homme lui-même. Les hommes peuplent la Terre depuis des centaines de milliers d’années. Mais depuis un siècle, au nom de progrès qui faisaient la spécificité et la fierté des hommes, a commencé la plus gigantesque entreprise de destruction qu’une espèce ait jamais menée contre le milieu qui soutient la vie et contre la vie elle-même. La plus spectaculaire des opérations-suicide.

La Terre est en danger. Elle a été mise en danger notamment par le développement de la civilisation industrielle occidentale. C’est ce qu’on appelle le péril blanc. Océans pollués, terres stérilisées, atmosphère empoisonnée, tissu social disloqué, civilisations tribales écrasées. Pendant ce temps des imbéciles, qui ne sont même pas heureux, chantent des hymnes au progrès : le produit national brut s’accroît, la consommation d’énergie s’accroît, la population s’accroît.

Nous voici contraint de découvrir que l’histoire ne peut se répéter. Une loi nouvelle, celle de l’accélération, change notre destin. En cinquante ans, la vie a changé davantage qu’au cours des millénaires. Et tout va aller encore plus vite désormais. En vérité, il reste dix ans à peine pour définir des solutions.

Cent trente-deux nations sont réunies à Stockholm du 5 au 16 juin prochain (1972) pour débattre de l’homme et de son environnement. Cette conférence, dont certains voudraient bien qu’elle se réduise à des études techniques pour lutter contre la pollution, va être conduite à aborder le cœur du sujet : la continuation de la vie sur la planète Terre. Les délégués des 132 nations, s’ils nous lisent, seront bien obligés de regarder en face les démons de l’expansion. Ils devront tenir compte des travaux de la plus subversive des sciences, l’écologie*.

* ECOLOGIE (gr oïkos, habitat, et logos, science) : étude des êtres vivants en fonction du milieu naturel où ils vivent.

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Effondrement

26 janvier 2011,

La première prise de conscience qu’un effondrement de notre civilisation pourrait avoir lieu, de mon vivant ou du vivant de mes enfants, m’est venue en 2008 à la suite d’une conférence d’Yves Cochet à Sciences Po Paris. Il y montrait la courbe ci-dessous, tirée du site de Paul Chefurka (1), dont j’ai découvert l’existence à cette occasion.

Chefurka, un écologiste canadien anglophone, explique que la population dépend étroitement de l’énergie consommée, l’essentiel de cette énergie vient de sources fossiles, le pic de ces énergies non renouvelables est au plus tard en 2020, donc le déclin des ressources énergétiques va entrainer l’effondrement de la population. Alors que l’Organisation des Nations Unies prévoit une stabilisation de la population mondiale autour de 9 milliards vers 2050, Chefurka pense que nous ne dépasserons pas 7,5 milliards et qu’ensuite il n’y aura pas stabilisation mais déclin rapide. La population mondiale tomberait à moins de 2 milliards vers la fin du siècle, et même deux fois moins si l’on prend en compte d’autres facteurs que l’énergie fossile comme le changement climatique, la perte de fertilité des sols, le manque d’eau douce, la pollution…

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Un seul candidat: le meilleur

22 janvier 2011,

(C’était il y a trente ans)

(reprint le Sauvage n°71, spécial Jardin, été 1980)

Les écologistes présenteront un candidat aux élections présidentielles du printemps 1981. Il peut réunir sur son nom de 5% à 15% des voix et même davantage, si les écologistes se mettent d’accord, si le candidat est le meilleur, si l’absence d’une soi-disant union de la gauche permet d’exprimer de vrais choix de société. Alors les écologistes pourront enfin peser sur la vie politique institutionnelle, ce qui ne les dispensera pas de continuer de mener sur le terrain leurs actions locales.

Les écologistes représentent la seule force de novation en politique mais ce sont les électeurs écologistes qui l’expriment, tandis que les militants restent souvent paralysés par de vieilles pratiques gauchistes : sectarisme, conflits de personnes, fatras idéologique, pratiques minoritaires.

Or ce mouvement a une vocation majoritaire et doit exercer sa part de pouvoir démocratique. C’est le seul moyen d’arrêter le programme nucléaire, de changer de priorités économiques pour réduire le chômage et arrêter le pillage de la biosphère et du tiers monde en particulier.

L’écologie doit se présenter cette fois pour prendre un morceau du pouvoir, le plus important possible. Seule position réaliste, si l’on ne se résigne pas à attendre le premier accident nucléaire pour changer la politique. L’écologie aux prochaines présidentielles doit dépasser une des quatre grandes formations, devenir un élément indispensable des négociations de gouvernement ou d’opposition. Elle doit oublier les fantasmes d’alliances électorales. Elle doit oublier l’espoir de voir le Parti socialiste dans l’une de ses variantes reprendre une partie des revendications écologiques autrement que sous la contrainte et dans un rapport de force. Elle doit présenter le meilleur candidat.

L’écologie doit désormais être adulte, indépendante de tout autre parti, efficace et elle doit gagner.

Alain Hervé (1980)

vérification

15 janvier 2011,

Je me suis réveillé à cinq heures ce matin et me suis levé pour griffonner dans le noir ma stupéfaction : « nous sommes détenteurs de la prodigieuse qualité d’être vivants… » Oui c’est bien ça : « nous sommes vivants » Et j’ai replongé dans le sommeil, écoutant ce flux qui m’emportait. AH.

Mais quand vont-ils parler d’écologie ?

11 janvier 2011,

Aveuglés par les projecteurs, assourdis par la sono. Nous sommes les spectateurs du cirque médiaticopolitique où l’on distingue difficilement ceux qui jouent à droite et ceux qui jouent à gauche. Ce qui importe c’est de monter sur la scène télévisuelle et d’intéresser, de captiver ou de terroriser le public.
Les meilleurs acteurs ou acrobates sont manifestement Mélanchon et Besancenot, le père Le Pen nous manque. Sa fille n’a pas encore sa tchatche. Mais ça vient.
Elle vient de prodigieusement réussir son dernier numéro. On la siffle. Elle suscite une universelle réprobation. Ce qui lui vaut des milliers de citations. On n’entend plus qu’elle. Bravo l’artiste.
Elle se spécialise dans le non dit des autres candidats. Elle seule ose parler d’immigration et d’identité nationale. Elle fait un tabac. Attention, demain elle va se mettre à parler d’écologie…
Ségolène Royal perd la main, ne sait plus esbroufer le client, affoler la statistique et exploser le pourcentage.
DSK en financier international qui va gérer la misère sociale comme il prétend sauver la croissance est un peu pompeux pour ne pas dire sinistre. Il tente d’impressionner le client par son sang-froid qui commence à sentir le réchauffé. (voir la citation de Kenneth Boulding)
Du côté des écologistes on manque de spectacle. Ca se traîne. Joly nous fait dans le social tiède. Hulot dans le pas de deux. Cohn Bendit dans la fiancée perdue.
On l’avait bien dit jadis, l’écologie n’est ni de droite ni de gauche, elle est aujourd’hui médiatique comme les autres.
Nous sommes bien dans la société du spectacle.
Alain HERVE