Archives d’un auteur

Il y a encore une belle jeunesse

12 mai 2022,

L’appel à déserter d’ingénieur.es d’AgroParisTech, en video si vous ne craignez pas d’éprouver une réelle émotion, ou en texte ci-dessous

Les diplômé.es de 2022 sont aujourd’hui réuni.es une dernière fois après trois ou quatre années à AgroParisTech. Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fières et méritantes d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours. Nous ne nous considérons pas comme les « Talents d’une planète soutenable » [nouvelle devise d’AgroParisTech].
Nous ne voyons pas les ravages écologiques et sociaux comme des « enjeux » ou des « défis » auxquels nous devrions trouver des « solutions » en tant qu’ingénieures.
Nous ne croyons pas que nous avons besoin de « toutes les agricultures ». Nous voyons plutôt que l’agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur terre. Nous ne voyons pas les sciences et les techniques comme neutres et apolitiques. Nous pensons que l’innovation technologique et les start-up ne sauveront rien d’autre que le capitalisme. Nous ne croyons ni au développement durable, ni à la croissance verte, et pas plus à « la transition écologique », une expression qui sous-entend que la société pourra devenir soutenable sans qu’on se débarrasse de l’ordre social dominant. (suite…)

Pétition transition

11 mai 2022,

Nous recevons beaucoup de pétitions mais celle-ci nous a surpris et séduits par sa (sincère ? premier degré ?) fraicheur. La signature de Dominique Bourg a emporté notre soutien, ainsi que la piqure de rappel sur La Convention Citoyenne pour le Climat.
La Rédaction

Monsieur le président,

Tous ceux qui ont été formés aux enjeux écologiques le savent, les données sont factuelles, scientifiques, cartésiennes, et ne relèvent ni de croyance, ni d’opinion politique. La convention citoyenne pour le climat a été un bel exemple, 150 français de tous horizons ont été tirés au sort, et, à l’issue de leur formation, 100% d’entre eux étaient convaincus par l’urgence et l’importance de l’action écologique. Si il y a un débat sur le moyen de conduire la transition, il ne doit plus y avoir aucun débat sur les raisons, ni sur l’urgence d’y parvenir. Le GIEC a été formel, nous devons agir dès maintenant pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre dans les trois ans. Le temps de tirer la sonnette d’alarme est venu et vous oblige, vous ainsi que votre gouvernement, à faire de la transition écologique votre priorité. Une espèce animale ou végétale disparaît toutes les vingt minutes, trois enfants sur quatre respirent en France un air toxique, et la hausse des températures va entraîner des crises économiques et politiques inédites. L’action doit être immédiate.

Nous refusons de croire que l’insuffisance du précédent quinquennat en la matière relevait d’un manque de courage, ou pire d’un manque de convictions. La transition écologique est un sujet transversal, une question de justice, qui concerne tous les pans de notre société, tous les ministères et ministres que votre premier ministre va nommer. (suite…)

MANIFAVELO : 50 ans déjà.

22 avril 2022,

Avec un grand merci à Jean-Luc Fessard de nous avoir remis en mémoire ce tract des Amis de la Terre, dessiné par Brice Lalonde, initiant la première manifestation écologiste de masse dans notre pays.

Le souvenir d’Edwin Matthews, (co-fondateur avec Alain Hervé des Amis de la Terre en 1970) :

Ref:  Il y a cinquante ans: on manifeste à vélo

Le 22 avril 2022

Chers Amis,

Il y a cinquante ans au matin, nous sommes montés à vélo, si ce n’était pas pour sauver notre civilisation, c’était au moins pour faire une proposition audacieuse : débarrasser les belles avenues de notre cher Paris des bagnoles à combustion interne, bêtes nocives et destructrices qu’elles sont.  Comment peut-on agir en tant que citoyens … pour réveiller les responsables somnambules ?

L’idée de la manif était géniale.  Nous étions quatre pelotons pacifiques d’environs dix mille vélos chacun venant des quatre coins de Paris et convergeant Place de la Concorde.  Nous sommes partis de la Muette, mes trois filles, Nadia, Sylvie, Clarissa et moi, accompagnés par notre Golden, nommé “Friend”, animal de compagnie des Amis de la Terre.  On s’attendait à célébrer une belle journée à Paris en portant un message bénéfique qui répondait à nos espoirs pour un avenir meilleur. (suite…)

GIEC : les solutions

5 avril 2022,

Le GIEC (IPCC en anglais) vient de sortir le rapport du groupe III qui essaye de proposer aux décideurs les mesures nécessaire pour limiter les dégâts du changement climatique. Pour vous tenir au courant :

-un article de ReporterreC’est maintenant ou jamais

– un article au titre optimiste de The ConversationRapport du GIEC : diviser les émissions de gaz à effet de serre par deux d’ici à 2030, c’est possible

– moins facile, l’abrégé du GIEC pour la prise de décision politique (synthesis report for policymakers), “Mitigation of climate changes“, résumé de quand même 37 pages (10 Mb)

– plus technique, le rapport abrégé, 96 p (20 Mb)

– complètement pro, le rapport détaillé, 3675 p (280 Mb)

La créativité des manifestations pour le Climat

13 mars 2022,

Ce qui ressort des récentes manifestations sur le climat depuis quelques années, c’est le fossé entre la gravité de la situation et le peu d’action de nos dirigeants, le peu de préoccupation des médias, le mépris des milieux économiques, et la passivité de certaines franges de la société. Ce fossé pousse les manifestants à être de plus en plus créatifs pour exprimer leur colère, leur désarroi ou leur désir d’être entendu, mais aussi leur désir de dépasser les angoisses de la solastalgie par beaucoup d’humour et de dérision.

Voici un florilège de pancartes et d’affiches publiées sur divers médias:

 

 

 

 

 

 

 

Si vous n’avez pas d’inspiration pour faire votre propre affiche, une agence de visualisation de données fournit des documents prêts à imprimer, et accueille de nouveaux slogans pour les transformer en affiches. Comme celle ci-dessous.

C’est ici

 

A vos cartons et à vos crayons !

Manger pour vivre

7 mars 2022,

Nous avons lu et vous recommandons un rapport des Greniers d’Abondance intitulé “Qui veille au grain ? Du consensus scientifique à l’action publique”,

disponible gratuitement ici.

Thémis 1 – Déméter 0

3 février 2022,

La déesse de la Justice Thémis et la déesse des Moissons, Déméter

Nous avons lu sur le site de France-Info : (1)

Cellule de gendarmerie Déméter : la justice demande au ministère de l’Intérieur de mettre un terme à la prévention des “actions de nature idéologique”
Plusieurs associations, dont L214, avaient déposé un recours administratif contre cette cellule créée en 2019, qu’ils accusaient d’enfreindre la liberté d’expression. La place Beauvau a 60 jours pour mettre fin à ces activités.
Le tribunal administratif de Paris donne deux mois au ministère de l’Intérieur pour mettre fin à la prévention des “actions de nature idéologique” de la cellule de gendarmerie Déméter, mardi 1er février, sous peine d’une astreinte de 10 000 euros par jour. Destinée à lutter contre la délinquance dans le monde agricole, cette cellule est née dans le cadre d’une convention signée en 2019 avec le syndicat agricole majoritaire FNSEA et sa branche des Jeunes agriculteurs (JA).
Depuis, elle a pour objet de lutter contre les actes crapuleux ou criminels (du vol de gasoil, de tracteurs, dégradations) mais aussi de prévenir “des actions de nature idéologique”, allant des “simples actions symboliques de dénigrement” à “des actions dures”, selon le document de présentation du ministère de l’Intérieur. Mais la justice a estimé que ces dernières activités ne reposaient sur “aucune base légale”. la suite ici.

(1) Que Déméter, déesse des moissons, du haut de son panthéon nous pardonne mais son nom a été détourné par des dirigeants qui voulaient assurer l’hégémonie de l’agro-industrie. Les fidèles lectrices et lecteurs du Sauvage ont souvenir des alertes sur ce sujet ici et .

Les Agro protestent

23 décembre 2021,

Le 20 décembre 2021

Monsieur le Président de la République,

Nous, étudiant·e·s en agronomie, agro-économie, sciences politiques provenant de six écoles (AgroCampus Ouest, AgroParisTech, AgroSup Dijon, Montpellier SupAgro, Sciences Po Lille et Sciences Po Paris), futur·e·s professionnel·le·s et citoyen·ne·s concerné·e·s par les questions d’agriculture et d’alimentation, ne pouvons souscrire silencieusement aux propositions retenues dans le Plan Stratégique National (PSN) français pour la programmation de la Politique Agricole Commune (PAC) 2023-2027 et ce pour plusieurs raisons. Tandis que la France a encore perdu 20 % de ses exploitations entre 2010 et 2020, le secteur agricole doit répondre à un certain nombre d’enjeux, notamment environnementaux, climatiques et sociaux. Par conséquent, le PSN aurait pu être un levier important, si ce n’est essentiel, de la transformation de notre système agricole et alimentaire.

La stratégie européenne “De la Ferme à la Fourchette” a pour ambition de faire du système agricole et alimentaire européen un modèle de durabilité au niveau international en fixant des objectifs chiffrés en termes de neutralité carbone, de réduction des engrais minéraux, des pesticides et des antibiotiques, ou encore de soutien à une agriculture biologique et respectueuse de notre environnement. Or, force est de constater qu’il y a incohérence entre ces objectifs et les mesures retenues dans le PSN. Nous pensons que, au moment d’accéder à la présidence du Conseil de l’Union Européenne, la France, premier État membre bénéficiaire de la PAC mais aussi pays des Accords de Paris et des Etats Généraux de l’Alimentation, aurait dû se positionner en tant que leader de la transition agroécologique européenne.

La suite ici.

Le productivisme agricole inefficace

19 décembre 2021,

La très officielle Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité vient de publier une synthèse sur la nocivité du productivisme agricole. Le titre un peu austère :

Le paradoxe de la productivité : la productivité agricole favorise l’inefficacité du système alimentaire

ne doit pas vous décourager, c’est facile à lire, tout en comportant les références bibliographiques d’usage pour une publication scientifique. C’est un document précieux pour contrer les arguments du genre “on ne peut pas nourrir la population de la planète avec l’agriculture bio”.

Voici l’essentiel de la conclusion :

On a beaucoup écrit sur la nécessité de réduire l’empreinte environnementale de l’agriculture et de lutter contre la pandémie d’obésité, mais ces problèmes ne doivent pas être pris en compte de façon isolée : ces deux problèmes sont les résultats d’un système alimentaire dysfonctionnel qui encourage la surconsommation de calories, le gaspillage excessif et l’externalisation des coûts sur l’environnement et la santé. Une focalisation myope continue sur la productivité agricole risque de perpétuer ces problèmes : le paradoxe de la productivité signifie que l’augmentation de l’efficacité agricole entraîne l’inefficacité du système du fait de l’augmentation des déchets, des coûts environnementaux, ou encore des dépenses de santé. Un défi pour le développement mondial est de s’efforcer de « nourrir un monde de 7 à 10 milliards » d’humains sans créer plus de problèmes que cela n’en résoudra. En plus d’être insoutenable, c’est injuste parce que les plus pauvres (foyers ou pays) en payeront proportionnellement des coûts plus élevés en termes de santé et d’environnement. Il est temps de changer le récit pour permettre aux gens de comprendre et d’investir dans leur nutrition pour une vie saine, en consommant des aliments produits par un système alimentaire durable. Dans un monde aux ressources finies et au capital naturel déjà très dégradé, il est urgent de ne plus se concentrer sur la productivité agricole en tant qu’indicateur de résultats des besoins de la société mais de considérer la productivité systémique en analysant le nombre de personnes nourries sainement et durablement par unité d’intrant.