Archive pour la catégorie ‘Nous avons vu’

Occupe-toi d’Amélie

30 octobre 2012,

Le théâtre de la Michodière reprend actuellement « Occupe-toi d’Amélie » de Georges Feydeau dans une nouvelle adaptation et mise en scène de Pierre Laville.

Cette pièce remplit, dans son exquise légèreté, voire sa réjouissante amoralité, tous les critères de drôlerie qu’on attend du théâtre de Feydeau.

L’intrigue en est embrouillée à souhait : pour ne pas perdre l’héritage de son oncle ; un jeune homme feint d’épouser la maîtresse de son meilleur ami, Amélie, une ancienne femme de chambre devenue cocotte. Se mêlent au déroulement des hasardeuses péripéties une comtesse amoureuse, un père complaisant, un général étranger, un prince exotique…Tout ce petit monde s’agite efficacement sous l’énergique impulsion de Pierre Laville, visiblement à son affaire dans l’univers de Feydeau. (suite…)

Regardez mais ne touchez pas!

24 octobre 2012,

C’est incroyable, cette pièce de Théophile Gautier et de Bernard Lopez date de 1847 et n’avait jamais été redonnée depuis sa création. Félicitons Jean-Claude Penchenat, fondateur du Théâtre du Campagnol (dont nous n’avons pas oublié “le Bal”) d’avoir pensé à la monter aujourd’hui au théâtre du Lucernaire.

Avec “le capitaine Fracasse”, on connaissait le goût de Gautier pour les romans de cape et d’épée. Il pousse ici ce goût jusqu’à une parodie fantaisiste à l’humour irrésistible.

Nous voici à la cour d’ une Espagne folklorique, ébranlée par un événement capital: comment sauver la reine dont le cheval s’est emballé, sans la toucher, sous peine de mort? Deux sauveurs présumés se présentent, le fanfaron roublard et le romantique sincère. S’ensuit une série de quiproquos amoureux, d’intrigues de cour dont se mêlent grand chambellan, suivante délurée et dame de compagnie, dirigés, et c’est là la grande originalité (suite…)

A peine un souffle

22 octobre 2012,

…Titre énigmatique pour une pièce qui ne l’est pas moins, écrite et mise en scène par Anne Kellen au théâtre de la Huchette.

Un homme seul aux yeux bandés, ligoté sur un tabouret, s’interroge sur sa situation. Pourquoi est-il là, qui l’a emprisonné, comment peut-il s’en sortir ? Une mystérieuse voix interrompt parfois son monologue par (suite…)

Broadway en chanté

24 septembre 2012,

par Michèle Valmont

« Gai, enlevé, drôle… », les épithètes fusent et les spectateurs fredonnent à la sortie de ce  délicieux spectacle au Théâtre Déjazet, qu’Isabelle Georges reprend jusqu’au 15 novembre.

C’est un pot-pourri des plus célèbres airs de comédies musicales de George Gershwin à Jerome Robbins, en passant par Cole Porter, Irvin Berlin ou Leonard Bernstein.

Isabelle Georges est exquise : jolie, vive, élégante dans ses interprétations, légère dans son numéro de claquettes. Elle passe avec brio d’un personnage à l’autre –ah ! Judy, Liza, Ginger, Julie…toutes les plus grandes -, sa voix est belle, malgré quelques aigus un peu durs, vite oubliés devant la virtuosité de l’ensemble, à la mise en scène tourbillonnante de Jean-Luc Tardieu.

Elle est épaulée par 4 superbes musiciens-comédiens qui jouent avec la salle conquise : Jérome Sarfati, Edouard Pennes, David Grébil et surtout l’épatant pianiste-chanteur Frédérik Steenbrink, dont l’agréable voix de baryton répond admirablement au soprano (suite…)

Love letters

24 septembre 2012,

Par Michèle Valmont

Ils sont tous deux assis devant un bureau d’écolier et lisent sans jamais se regarder –directive de l’auteur- les lettres qu’ils ont échangées depuis l’âge de 8 ans.

Eux, ce sont Isa Mercure et Gilles Guillot, interprètes de la pièce « Love letters » de l’Américain A.R.Gurney, qu’ils ont également mise en scène.

Au fil de cette correspondance se reconstituent subtilement la vie et le caractère des  deux protagonistes. Elle, Alexa, fantasque et rebelle, enfant gâtée dans un milieu social favorisé, lui, Thomas, plus modeste, simple et solide. L’amitié d’enfance qui les lie va se nourrir des épisodes de leurs vies respectives, avec une riche palette de sentiments ; engueulades, félicitations, jalousies, condoléances… Ainsi découvre–t-on que l’amitié se transforme peu à peu en un grand amour longtemps inavoué dont le dénouement révélera toute la profondeur. (suite…)

Cher menteur

22 septembre 2012,

par Michèle Valmont

Reprise au théâtre La Bruyère de la pièce « Cher menteur », adaptation de Jérome Kilty de la correspondance de la comédienne Stella Campbell et de Bernard Shaw qui se poursuivit tout au cours de leur existence. On remarque d’emblée le raffinement du décor. L’élégance de la mise en scène de Régis Santon met en valeur le jeu des deux comédiens, Francine Bergé et Marcel Maréchal, qui s’emparent avec délectation du texte plein d’humour et de causticité traduit et savamment retravaillé par Jean Cocteau.

Il ressort de cette confrontation de deux egos surdimensionnés une estime mutuelle et une inclination amoureuse jamais aboutie. Les caprices de la comédienne  se heurtent au cynisme de l’écrivain. Quelques beaux moments d’émotion –la mort de la mère de Bernard Shaw, celle du fils de Stella – ponctuent ce feu d’artifice qui culmine lors de la répétition de « Pygmalion » dont Stella créa le rôle d’Elisa à quarante ans passés !

Francine Bergé est aussi crédible en jeune actrice adulée qu’en diva vieillissante. Coquette et exigeante puis amère et esseulée, elle est toujours juste et émouvante. (suite…)

Canaletto, Guardi, Venise

21 septembre 2012,

par Alain Hervé

On ne va pas voir ces deux peintres minutieux, appliqués*, qui nous envoient de grandes cartes postées depuis le XVIIIème siècle. Certes nous les recevons avec grand plaisir. En fait nous allons revoir Venise. La voir encore à travers les âges et les saisons. Cette cité nautique, fragile sur ses îles, au péril des marées et des touristes est un des rares accomplissements irréprochables de l’espèce humaine. Cet urbanisme utérin nous laisse stupéfaits dans sa perfection anarchique. (suite…)

Julie des Batignolles

21 septembre 2012,

par Michèle Valmont

Cinéma sur scène au théâtre La Bruyère où Eric Métayer, après la brillante réussite des « 39 marches » qui plongeait le spectateur dans un univers déjanté inspiré des films d’Hitchcock, s’attaque aujourd’hui aux polars comiques français en montant la pièce de Pascal Laurent « Julie des Batignolles ».

D’emblée les ingrédients sont réunis : dans une cabane au fond des bois s’affrontent voyous pieds-nickelés, mère maquerelle, flic ripou, otage exaspérante. D’enlèvement foireux en casse manqué, l’argot fuse ; les répliques fleuries évoquent irrésistiblement Audiard, Boudard, Simonin. Dans la mise en scène délirante, faite de flash-back rapides, la scène se transforme en un instant en placette parisienne, désert nocturne, ou encore sous-sol rempli de tuyauteries par la simple utilisation de quelques éléments du décor ingénieux de Stéphanie Jarre.

L’imagination scénique d’Eric Métayer est prodigieuse. La plateau est en perpétuel mouvement. Les acteurs, menés par le chef de bande Philippe Lelièvre, épatant, s’en donnent à cœur joie : Viviane Marcenaro, parfaite ancienne (suite…)

Cindy Sherman

19 septembre 2012,

Si vous n’avez rien à faire, rendez vous à la galerie Gagosian 4 rue de Ponthieu à Paris. Citadelle immaculée de l’art ce qu’il y a de plus moderne. Le visionnaire Larry Gagosian ne se trompe que rarement de cible. Il expose en ce moment Cindy Sherman jusqu’au 10 octobre. Cette américaine de cinquante huit ans est son propre et son seul modèle. Elle ne se rate pas. Implacable avec son visage qui porte toute sa vie dans ses traits.

Photo et peinture mélangés pour traduire, en très, très  grand format, la stupéfaction d’être. Rarement l’intensité de (suite…)