Archive pour la catégorie ‘– Sages réflexions et sobres moments’

Pourquoi le Sauvage ?

21 mai 2011,

D’abord pour le plaisir.

Et pour participer à une entreprise de réflexion, d’écriture, de lecture qui relie un groupe d’individus sauvages.

Sauvage ? Un habitant de la planète qui vit d’une certaine manière, original. Se préoccupe davantage de réussir sa vie, que de réussir dans la vie.

Avez-vous le courage de vos désirs ?

Envisagez-vous de changer de profession ?

De déménager ?

De prendre une année sabbatique à vos propres frais ?

Quand avez-vous planté un arbre pour la dernière fois ?

Quand avez-vous l’intention de planter des arbres ?

Bientôt ?

Sacrifiez-vous votre vie pour vos enfants ?

Pour votre vie éternelle ?

Pour la science ?

Etes –vous amoureux en ce moment ?

Faites la liste de ce qui vous fait battre le cœur.

Faites la liste de tout ce qui n’a vraiment aucune importance.

Faites une liste d’objets à jeter ou à donner vite.

Faites une liste de rêves à rêver d’urgence.

Restez-vous immobile devant la fenêtre à regarder le monde ?

Voilà à peu près ce qu’un  Sauvage est.

Un homme, une femme dans la jungle de notre époque (les villes ?) qui cherche son souffle, le perd parfois, a besoin d’en parler avec d’autres.

Qui préfère le plaisir de vivre.

Quelles sont les raisons de désespérer ?

Je n’ai pas l’intention de pleurer en attendant la fin du monde. On peut essayer de l’éviter.

Les preuves d’amour valent mieux que les déclarations d’amour. Restons terre à terre : la cuisine, la passion, les enfants, la peinture à l’huile ou à l’eau, l’informatique, les voyages à la voile, à pied dans la forêt, la botanique, la contrebasse, le goût du risque, de l’exploration, les boîtes à outils…

Sauver les peuples naturels de la forêt…Comment ? Quels gestes faire ?

Qui, en dehors d’eux, a pensé à vivre d’une manière civilisée ?

Vivre au jour le jour, les lendemains des idéologies, des révolutions, des espoirs déçus, des nouvelles promesses. Ne plus attendre.

Etre acteur. Agir.

Mettre en scène sa vie avec violence, pas en spectateur. Est-ce un luxe ?

Décréter dans sa vie le luxe des sentiments, du rire, des plaisirs, de la pensée et j’en passe.

Voilà un peu ce que les Sauvages sont.

LE SAUVAGE pour laisser à nos enfants une immense planète heureuse où l’on puisse marcher, respirer, rencontrer des animaux, des arbres, des tribus de la forêt, où l’on puisse manger à sa faim.

LE SAUVAGE pour laisser à nos enfants une humanité solidaire qui produise autre chose que des automobiles, des décharges, des autoroutes, des centrales nucléaires, des hamburgers, des champs de tournesols…

LE SAUVAGE pour que les hommes habitent la terre en harmonie avec les autres hommes et les autres espèces vivantes.

Les Sauvages associés

En attendant Hitler

20 mai 2011,

Reprint Le Sauvage, n° 2 –  mai-juin 1973

Un entretien avec Arnold Toynbee

par Elizabeth Antebi

Deux ans avant sa mort, l’un des plus grands historiens contemporains livrait son diagnostic : demain, l’homme sera un esclave ou ne sera plus ; à moins que…

En tant qu’historien, pensez-vous que le passé puisse aujourd’hui nous aider dans la compréhension des problèmes apparemment nouveaux, posés par la science, la technologie, etc ?

— Ce qui n’est pas nouveau, c’est la nature humaine qui reste la même depuis les temps immémoriaux. On retrouve toujours les archétypes, les images primordiales dont parle Jung, par exemple. Je crois donc que l’étude du passé peut avoir une grande importance pour éviter les erreurs, les crimes, les désastres d’hier.

(suite…)

Communautés de résilience

15 mai 2011,

par Michel Sourouille sur le site Biosphère

Nous n’avons jamais cru aux idéologies de la société thermo-industrielle, libéralisme et marxisme. Dans une société productiviste et mondialisée, nous savons depuis 1972 que le seul message politique qui puisse témoigner d’un avenir durable est l’analyse de l’écologie scientifique et politique. Mais comment agir ? C’est un véritable casse-tête, sans modèle préétabli. Prendre le pouvoir d’Etat ? (suite…)

Il faut sauver l’homme sauvage

8 mai 2011,

Reprint : Le Sauvage, n° 19, janvier 1975

Il nous paraît opportun aujourd’hui de réfléchir sur les traces de notre ami Serge Moscovici, l’auteur de Hommes domestiques et hommes sauvages lorsqu’il plaide la cause des sociétés ensauvagées.On n’oubliera pas en le lisant qu’il est le père du Moscovici qui joue aujourd’hui un rôle déterminant dans la trajectoire du parti socialiste. Tel père, tel fils? On peut se poser la question

Un entretien de Serge Moscovici avec Catherine David

CD. Imaginez qu’une revue trimestrielle spécialisée dans les questions écologiques telle Le Sauvage, vous offre une dizaine de ses pages. Quel type de malentendus souhaiteriez-vous d’abord dissiper ?

Serge Moscovici. — Dissiper des malentendus ? Qui le peut ? Autant vouloir vider la mer avec une passoire. Je souhaiterais plutôt faire connaissance avec les malentendants pour mieux leur faire entendre le bruit du monde. Je voudrais surtout les inciter à faire pression sur ladite revue pour qu’elle soit l’écho de leurs préoccupations immédiates, pour qu’elle s’engage avec eux dans la création de nouvelles formes de vie, de création et de pensée. Je les engagerais à se départir de leur attitude passive de lecteurs, de spectateurs, de consommateurs de mots. Mon premier souci serait d’instaurer un débat d’idées, car là où il n’y a pas de débat, il n’y a pas d’idées. Le débat est la meilleure manière de rendre l’ouïe aux malentendants. Malheureusement, jusqu’ici, la plupart des revues écologiques ont toujours été molles et douces, comme les technologies du même nom. Pour moi, l’écologie ne concerne pas uniquement la pollution, les catastrophes énergétiques, l’agriculture biologique, la destruction des sites… Son domaine (suite…)

PARTAGE OU CRÈVE !

28 avril 2011,

Par Michel Bosquet /André Gorz

Reprint Le Sauvage, n° 12, avril 1974

Ce texte qui fut écrit pour le Sauvage il y a trente sept ans nous paraît témoigner de ce qu’était déjà l’écologie à cette époque. Non pas seulement la protection des petits oiseaux mais une réflexion sur le devenir des sociétés humaines confrontées à l’utopie croissantiste.

Les Sauvages associés

Unique principe pour rompre avec l’idéologie de la croissance : « Seul est digne de toi ce qui est bon pour tous. »

L’écologie, c’est comme le suffrage universel et le repos du dimanche : dans un premier temps, tous les bourgeois et tous les partisans de l’ordre vous disent que vous voulez leur ruine, le triomphe de l’anarchie et de l’obscurantisme. Puis, dans un deuxième temps, quand la force des choses et la pression populaire deviennent irrésistibles, on vous accorde ce qu’on vous refusait hier et, fondamentalement, rien ne change. La prise en compte des exigences écologiques conserve beaucoup d’adversaires dans le patronat. Mais elle a déjà assez de partisans patronaux et capitalistes pour que son acceptation par les puissances (suite…)

Nicolas Hulot déclare sa candidature

14 avril 2011,

par Dominique Martin-Ferrari

Mercredi 13 Avril, 11h,  à Sevran, Nicolas Hulot  déclare sa candidature à la présidentielle.

Bien sûr, il ne sera pas Président de la République et tous ceux qui feront semblant de l’enfermer dans ce rôle, sont de biens mauvais coucheurs.

Il n’est pas là pour régler les contentieux sur la retraite ou la sécurité sociale. Pourtant, on lui demandera de le faire, et ce sera juste, parce qu’il est entré dans l’arène et que c’est maintenant à lui de frotter ses idées généreuses aux dures réalités . Il est parti pour autre chose : ramener au noble fait politique toute une jeune génération découragée par les querelles entre partis,  et sans intérêt pour les projets de société qu’on lui propose. Lui en propose-t-on d’ailleurs ? Tous les discours ne tournent-ils pas seulement autour de l’art d’accommoder les restes ?

Nicolas Hulot ne sera sans doute, dans l’histoire, qu’une petite pierre qui tend à faire bouger les lignes. Mais imaginez l’effet que va produire son discours, martelé durant toute l’année et dans tous les médias, grâce au choix qu’il vient de faire : aller au charbon….. (suite…)

La vie, opération à ciel ouvert

12 avril 2011,

reprint Le Sauvage, n° 72, automne 80

Et voici une autre réflexion sur la simplicité volontaire. C’était en 1980. Le mot changement avait alors davantage de sens qu’il n’en a aujourd’hui dans la bouche de politiciens qui veulent surtout ne rien changer. Ou si peu.

On aimerait que ceux qui sont cités dans ce texte, se manifestent s’ils le lisent aujourd’hui. Que sont ils devenus? Quelle a été leur vie?

Je les ai rencontrés cet été.

Éric, 30 ans, psychiatre. Il y a trois ans, il a pris un congé d’un an pour tenir le comptoir d’un bistrot dans une ville minière du Nord.

Claude et Pierre, 40 ans, ont liquidé leur cabinet d’architectes dans la région parisienne, il y a huit ans, pour partir en voilier autour du monde. D’abord sur un Josua. Puis ils sont revenus en France après trois ans et ont armé eux-mêmes la coque d’un voilier plus léger. Ils sont retournés une seconde fois à la voile en Polynésie, où ils vivent depuis cinq ans. Je les ai recherchés à Bora-Bora pour leur proposer de collaborer à ce numéro. La lettre est revenue « n’habite plus à l’adresse indiquée ». Ils sont partis sur une autre île. (suite…)

Climate Change: Our Dilemma

24 mars 2011,

by Edwin S. Matthews

Texte d’une conférence prononcée en 1971 à la Maison de la Chimie.

The threat of a calamitous change in the Earth’s climate is upon us; it does not depend on who you talk to.  The overwhelming scientific consensus warns us that, largely due to our burning of fossil fuels, the Earth’s climate has already begun measurably to change and promises to change vastly in this century.[1]

Fossil fuels include oil, coal and natural gas and are nothing more than carbon stored from sunlight millions of years ago. When burned, the imprisoned carbon combines with oxygen to produce CO2 which, as it is released to the atmosphere, forms a sort of blanket over the Earth that keeps heat from escaping into space.

Since the industrial revolution began in the early 19th Century the CO2 content in our atmosphere has nearly doubled (from about 275 parts per million to about 390 ppm). This increase has been accelerating. Since 2000 the growth rate in CO2 emissions has nearly tripled over the previous decade.    If we continue in our present habits, scientists predict that a point will be reached — nicely termed the “tipping point” — when the planet’s warming will be irreversible and dramatically accelerate.

Although for the time being the change in our climate may be only barely noticeable in Northwest Connecticut, the planet is facing a calamity of huge proportions.  Warming of the Earth will mean not just unbearably hot temperatures; it will upset our ecosystems, redistribute rainfall and cause more violent storms.  We will see our sugar maples; hemlocks and other native plants disappear.  Food supplies will be interrupted; food will be much more expensive and millions will go hungry. As the oceans absorb more CO2 and become more acidic, marine life, on which humans and marine life depends for food, will die. Melting ice will raise all oceans and inundate large areas – wiping out some entire countries.    Hundreds of millions of people and other creatures will flee flooding and expanding deserts; conflicts over shrinking habitat and resources will ensnare us all.  There will be many other consequences we cannot predict. (suite…)

La grande oubliée, la grande irradiée ?

24 mars 2011,

Par Hugo Verlomme

Pendant la catastrophe de Fukushima on a souvent entendu des commentateurs dire des phrases telles que : « On apprend avec soulagement que les vents poussent le nuage radioactif vers la mer ». Bien sûr, la priorité absolue reste  toujours d’épargner les vies humaines. Mais faut-il pour autant se réjouir de voir partir ces particules radioactives sur l’océan Pacifique ? D’autant que des milliers de mètres cubes d’eau de mer sont pompées dans l’océan pour refroidir les réacteurs et que cette eau contaminée repart d’où elle est venue… Mais voilà, dans la mer tout se perd, se dilue, puisque tout circule.

Aux yeux du public, la mer est souvent considérée comme une vaste étendue déserte. Pour certains, elle est d’ailleurs une poubelle bien pratique : tout déchet immergé disparaît instantanément, loin des yeux et des caméras. Pas vu, pas pris. L’océan est un milieu idéal pour les pollueurs : sans limites ni témoins.

Interrogées par Najmedin Meshkati, expert en nucléaire et environnement de la University of Southern California s’inquiétant du devenir de ces eaux radioactives, les autorités japonaises ont reconnu que ces eaux utilisées pour le refroidissement s’écoulaient directement dans la mer, mais elles ont également décrété que – bien entendu –  les taux de radioactivité ne présentaient aucun danger. Nous savons pourtant que nous nous trouvons face à une catastrophe majeure, puisque la radioactivité dépasse déjà largement les zones officielles. L’eau de Tokyo a été contaminée, de même que des légumes cultivés hors de la zone recommandée par ces mêmes autorités. Comme pour Tchernobyl, tout est fait pour minimiser la vérité, voire la déguiser, de façon sans doute à ne pas ajouter la panique, voire la révolte, à la catastrophe en cours. (suite…)