Articles avec le tag ‘décroissance’

CE N’EST PAS UNE CRISE MAIS UN EFFONDREMENT

11 février 2013,

Nous avons lu ceci dans le journal “La décroissance” de février 2013 :

Ex « pape » du Développement Durable, Dominique Bourg ne cesse de dénoncer ce qu’il nomme désormais une « farce ». « C’est la décroissance ou le clash », avertit-il. Un repositionnement qui nous intéresse d’autant plus que ce professeur de l’université de Lausanne, philosophe, auteur de nombreux ouvrages sur l’écologie est très présent dans les institutions gouvernementales et économiques et… vice-président du CA de la Fondation de Nicolas Hulot.

La décroissance : Plutôt que d’utiliser le terme omniprésent de « crise », vous insistez sur le fait que nous vivons une période d’effondrement. Pourriez-vous nous précisez ce que vous entendez par ce mot ?

DB : Employer le terme de « crise », c’est supposer que l’on sorte d’une normalité pendant une période transitoire, ce qui peut durer quelques années ; puis que l’on retrouve un état de normalité, même si celle-ci peut prendre une forme différente de la situation antérieure. Aujourd’hui la période que l’on vit n’a rien à voir avec cela. Nous faisons face à une dégradation continue de la biosphère, un appauvrissement continu des ressources. L’ensemble des écosystèmes s’affaiblit. Nous entrons dans un goulot d’étranglement, sans aucune sortie à la normale possible. La crise est un concept qui est parfaitement inadéquat pour définir ce que l’on vit. (suite…)

De l’usage du mot “décroissance”?

18 août 2012,

par Thierry Caminel

Le débat se poursuit sur les listes de discussion et dans les réunions des écologistes, encartés ou non, sur l’utilisation jugée souvent trop démobilisatrice du mot “décroissance”. On peut ajouter que, le moins qu’on puisse dire, c’est que ce mot ne figure pas dans le discours du gouvernement en place, pas plus que dans celui du précédent (affiche empruntée aux casseurs de pub).

Je propose la clarification suivante, en reprenant le sujet d’une intervention précédente sur ce site :

Quand on entend “croissance”, c’est “croissance du PIB” (produit intérieur brut) qui est sous-entendu, car c’est le marqueur de la croissance de l’activité économique.

Quand on évoque “décroissance”, c’est bien l’exact opposé qu’on doit évoquer, c’est à dire la décroissance du PIB, une variation négative de l’indicateur PIB.

En termes économiques “classiques”, le terme décroissance n’existe pas, on dit récession (définie comme une baisse du PIB pendant une certaine période).

Les politiques publiques qui accompagnent une baisse de la croissance en voulant l’éviter sont appelées “austérité“. L’austérité est imposée aux citoyens.

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La décroissance au Sénat ?

18 juillet 2012,

Il a déjà été beaucoup dit et écrit sur l’ambition des nouveaux élus d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et leur subordination à un Parti socialiste essentiellement productiviste. Plus qu’un sentiment de victoire, ces élections ont jeté un trouble parmi certains adhérents de base d’EELV, et des critiques plus acerbes d’écologistes extérieurs au parti. A ce stade il nous semble trop tôt pour juger ces élus sur les résultats et établir un bilan entre les nécessaires (?) concessions et les petites victoires. On en est au stade des discours et pour le moment, certains font preuve d’une lucidité inattendue et réjouissante.

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La décroissance n’est pas une option

11 novembre 2011,

par Ghislain Nicaise

Un débat “croissance contre décroissance” anime à intervalles réguliers les listes de discussion d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Par exemple on a pu lire récemment que le mot même de décroissance était “mortifère”. D’autres militant-e-s prônent de bannir toute référence au produit intérieur brut (PIB) ce qui a certainement au moins en partie motivé les commentaires ci-dessous. Ce débat mérite de sortir du microcosme des militants écologistes et s’il vous intéresse, vous pouvez lire la suite qui n’engage que l’auteur :

(suite…)

Karma

29 décembre 2010,

Karl était un vautour, un charognard, un détrousseur de cadavres, une hyène se repaissant des échecs d’autrui. Combinateur prodige, il tendait des pièges sophistiqués dans lesquels s’empêtraient irrémédiablement ses concurrents éventuels, n’hésitant pas à les enfoncer un peu plus encore. Son aura démoniaque lui attirait des Dalila traîtresses, des Salomé voluptueuses, des Lucrèce cyniques, d’avides Lola, des Mata-Hari perfides, Kali, la dernière femme, lui fut fatale. C’était une mante, elle le dévora, religieuse, elle l’envoûta et le convertit. Jaïn, il va nu sur les routes, balayant devant soi avec son pichi de plumes de paon.
Je m’attends un jour, à le revoir ici, gourou entouré de jeunes dévotes, prônant la Vie sauvage, l’art du oud, du croquis rapide et de la décroissance.

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Lettre à Jacques Julliard

28 décembre 2009,

Cher Monsieur Julliard,

Ce message est une réaction à votre article du Nouvel Observateur daté du 3 au 9 décembre.

En formulant l’alternative entre “deux pentes différentes et même opposées de la pensée : l’une est fondée sur le droit de l’homme à un environnement naturel de qualité; la seconde, sur le droit de la nature à être respectée par l’homme” vous avez biaisé d’emblée le vrai débat entre les deux pentes de pensée qui se présentent. En effet : qui ne pourrait souscrire à “un environnement naturel de qualité “et bien entendu pour le lecteur instruit et humaniste du Nouvel Obs “le droit de la nature” semble dérisoire, voire inquiétant.

En saluant les écrits de Luc Ferry, qui amalgament allègrement écologistes et nazis, vous vous faites insulte à vous-même et vous mettez d’emblée le débat au niveau du point Godwin.

Le choix me semble devoir se faire effectivement entre deux pentes, mais que l’on pourrait reformuler ainsi : l’une est fondée sur la conviction qu’en développant les techniques appropriées le modèle de civilisation occidental pourra être étendu à l’ensemble de l’humanité et aux 9 milliards que nous devrions être en 2050, l’autre que les réalités physiques, les “limites de la croissance” (Club de Rome) ne nous laissent le choix qu’entre une décroissance maitrisée et une décroissance subie.

Ou nous adoptons l’attitude quelque peu religieuse qui consiste à nous en remettre aux savants et aux entrepreneurs pour maintenir le statu quo ante, ou nous prenons la mesure des bouleversements qui sont en train de se développer et nous prenons pour objectif premier de conserver la démocratie et la solidarité, singulièrement menacées dans cette perspective.

La défense de la nature et le combat pour la sobriété ne sont ni la défense de la planète, qui nous survivra, ni la défense de l’humanité, dont il restera des représentants, c’est la défense de la civilisation. Tous les écocides du passé ont entraîné un effondrement de la population et des cultures qui les ont mis en oeuvre. Si comme je crois vous avez entendu parler de l’essai de Jared Diamond “Collapse” vous voyez ce que je veux dire. La nouveauté est que l’écocide en cours est mondial et d’une ampleur sans précédent.

J’ai été frappé par la convergence de vue entre votre article et celui de Denis Olivennes dans le même numéro, qui comme vous mais plus brièvement diabolise une écologie “archaïque” qui “divinise la nature et satanise l’homme”. La mention du “troisième enfant” laisse deviner une allusion à une déclaration récente (aussitôt déformée par plusieurs media) du député de Paris Yves Cochet. Je le connais assez pour pouvoir affirmer qu’il n’est ni religieux, ni puritain, ni sévère. Il a le tort de mettre le doigt sur des réalités qui dérangent. La même analyse de la décroissance inévitable du PIB se retrouve chez un consultant en énergie, pronucléaire au demeurant, Jean-Marc Jancovici.

Ce n’est pas en exorcisant ceux qui ont le courage et la lucidité d’affronter la réalité que vous défendrez les valeurs humanistes et le désir de rationalité que j’en suis certain vous et moi partageons.

Ghislain NICAISE