Archive pour la catégorie ‘Some Like It Hot’

Franc parler brésilien

9 mai 2011,

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> Pendant un débat dans une université aux États-unis, le ministre brésilien de l’Éducation Cristovao Buarque, fut interrogé sur ce qu’il pensait au sujet de l’internationalisation de l’Amazonie.
Le jeune étudiant américain commença sa question en affirmant qu’il espérait une réponse d’un humaniste et non d’un Brésilien, qui donne à réfléchir.

Voici la réponse de M. Cristovao Buarque.

> En effet, en tant que Brésilien, je m’élèverais tout simplement contre l’internationalisation de l’Amazonie. Quelle que soit l’insuffisance de l’attention de nos gouvernements pour ce patrimoine, il est nôtre.
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> En tant qu’humaniste, conscient du risque de dégradation du milieu ambiant dont souffre l’Amazonie, je peux imaginer que l’Amazonie soit internationalisée, comme du reste tout ce qui a de l’importance pour toute l’humanité. Si, au nom d’une éthique humaniste, nous devions internationaliser l’Amazonie, alors nous devrions internationaliser les réserves de pétrole du monde entier.
(suite…)

Eva Joly peu diserte sur le nucléaire

11 avril 2011,

Avec la catastrophe de Fukushima, on aurait pu s’attendre à ce que Eva Joly enfonce le clou contre le nucléaire. Et cela d’autant plus que son principal concurrent présumé à la primaire écologiste, Nicolas Hulot, a longtemps été très prudent sur le sujet.

Un boulevard pouvait donc s’ouvrir pour Eva Joly. Peu après l’accident, elle a attaqué fort sur ITélé : “Aujourd’hui, on change de paradigme”. Mais depuis cette formule pompeuse, on ne l’a guère entendue sur le sujet. Sur son blog , le billet le plus récent consacré au nucléaire (et le plus récent tout court…) date du… 18 mars. Comme réactivité à l’actualité, on peut faire mieux ! Dans un communiqué, Eva Joly appelle à une sortie du nucléaire en France “dans les 20 années à venir”, alors que la ligne « officielle » des Verts évoque plutôt un délai de 25 à 30 ans. Méconnaissance du dossier ou tentative de rallier à sa candidature les écologistes les plus antinucléaires ? A chacun de juger…

On m’objectera qu’Eva Joly a eu au moins le mérite de ne pas situer, comme l’a fait Cécile Duflot, diplômée de géographie, le Japon dans l’hémisphère sud (http://www.youtube.com/watch?v=cWT0tgqzuY0)

Reste qu’avec Fukushima, Eva Joly a raté une occasion en or de s’imposer comme « la » candidate écologiste.

A mon humble avis, la quasi-absence médiatique d’Eva Joly sur ce sujet crucial confirme que l’ancienne juge n’a décidément pas la « fibre » écologiste et ferait donc, malgré ses qualités par ailleurs, une piètre représentante. A mon humble avis, la quasi-absence médiatique d’Eva Joly sur ce sujet crucial confirme que l’ancienne juge n’a décidément pas la « fibre » écologiste et ferait donc, malgré ses qualités par ailleurs, une piètre représentante de ce courant à l’élection présidentielle.

Laurent Samuel

PS. A remarquer un très bon article de Stéphane Foucart, dans le Monde du 11 avril intitulé : “Fukushima , un accident de civilisation”

Hulot en piste

4 avril 2011,

Comme le fait justement remarquer Philippe Sollers, qui en sait long sur la question, la campagne présidentielle ne sera pas politique mais médiatique. Il explique ainsi le succès de Marine Le Pen.

E.E. les Verts pourrait y penser. Nicolas Hulot leur offre une chance exceptionnelle d’atteindre des millions de téléspectateurs.

D’abord parce qu’il est déjà connu, a déjà fait ses preuves.
Ensuite parce qu’il possède le savoir-faire et le fait avec talent.

Et enfin parce qu’il sait quels sont les enjeux de l’écologie. Il sait de quoi il parle.

S’il doit devenir effectivement candidat, on peut lui laisser le temps de s’organiser et ne pas le soumettre aux commodités d’une bureaucratie de parti.

Il peut aussi très bien se présenter sans passer par les fourches caudines d’un parti.

A suivre

Christophe Chelten

Une suite :

– l’expression “les commodités d’une bureaucratie de parti” ignore les milliers de militant-e-s sincères qui font ce qu’ils/elles peuvent pour que l’avenir soit meilleur, elle justifie le profond rejet de la politique auquel notre corps électoral s’est laissé aller en s’abstenant ou en votant Front National. Tous pourris, tous bureaucrates, c’est ça ?

– le vote des militant-e-s et sympathisant-e-s au cours de primaires est qualifié de “fourches caudines” ! C’est tellement plus simple de suivre un grand leader charismatique sans se soucier des opinions de ces personnes forcément intéressées, forcément bureaucratiques. S’il y a deux candidatures ou plus, l’écologie politique sera représentée dans toutes ses nuances, mais qui y gagnera ?

Ghislain Nicaise

Fukushima tout le monde descend

3 avril 2011,

Il n’y a qu’un seul événement notable cette semaine. Oubliez la Libye, oubliez la Côte d’Ivoire. Ce ne sont  qu’événementcules. Nous avons découvert avec stupéfaction un texte signé par une de nos têtes d’œuf nationales qui dit ce que ne disent ni Marine le Pen, ni les Verts EE réunis en séance solennelle à Paris pendant le week-end. Ni le PS bien sûr. Ce que ne disent pas nos délégués à l’apaisement, à pas de panique, délégués par l’ «Inoxydable Nucléaire Français. INF». Un homme seul ose le dire. Et ça se trouve dans l’Express du 30 mars.

C’est Jacques Attali qui s’exprime à propos de Fukushima.

Précipitez vous pour le lire. Il ose enfin dire que le nucléaire qui mijote à Fukushima représente un danger pour l’humanité entière. Il le dit posément et urgemment. Il faut lire ce qu’un homme informé et indépendant peut dire lorsqu’il n’est à la solde de personne.

Attali certes n’est pas la Vierge Marie, il n’est pas né de la dernière pluie. Il a dit quelques sottises dans sa vie de tribun, de polygraphe et de penseur attitré de quelques pouvoirs. Mais cette fois il exprime une urgence et sa notoriété est utilisée avec à propos.

Et maintenant, aux écologistes responsables de poursuivre son “Branle-bas de combat” (titre de son article). Fukushima est un terminus tout le monde descend. Il n’y a pas de référendum à négocier. Il faut quitter le nucléaire d’urgence et partout dans le monde. La poursuite de la vie  sur cette curieuse planète en dépend. Ca va nous coûter cher, très cher, mais il n’y a plus d’autre choix. Ce fut une fatale erreur de s’engager dans cette voie il y a soixante ans. Un choix mortifère. Merci Attali de lever le lièvre enfin.

Alain HERVE

Société nucléaire, société policière

1 avril 2011,

Dans un précédent article sur le site du Sauvage (Après Fukushima : l’arnaque de la quatrième génération) j’évoquais cette activité de mes années 70 qui consistait à parcourir la vallée du Rhône pour débattre en public de la construction de centrales nucléaires. En général le débat était un duo, plus exactement un duel contre un orateur spécialisé d’EDF. EDF envoyait toujours les mêmes intervenants et des règles tacites se sont dégagées progressivement comme l’absence d’agression verbale contre l’autre orateur. Le fond du débat a aussi évolué au cours du temps. Pour éviter les assauts technniques sur les radioisotopes, leur biolocalisation et leur période, qui laissaient l’auditoire perplexe, nous avons petit à petit déplacé notre argumentation vers les arguments de société, en bref : société nucléaire = société policière.

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Du plutonium dans une passoire

30 mars 2011,

Le Sauvage, septembre 1977

Les géologues ne peuvent garantir la sécurité du stockage des déchets nucléaires. Autrement dit, la terre n’est pas un bon cimetière, c’est plutôt une passoire d’où s’échapperont, tôt ou tard, des éléments radioactifs. Telle est la conclusion d’une étude parue dans la revue américaine Science, dont voici un résumé. Le problème est d’autant plus d’actualité en 2011.

Par Yves Lenoir

L’étude a été réalisée par M. G. de Marsily, directeur du centre d’information géologique de l’école nationale supérieure des mines de Paris, E. Ledoux, centre d’informatique géologique, J. Margat, service géologique national, bureau de recherches géologiques et minières.

On se propose donc de discuter le confinement des radionucléides toxiques de longues demi-vies, essentiellement l’iode 129 (16 millions d’années), le neptunium 237 (2,13 millions d’années) et le plutonium 239 (24 400 ans). En l’état actuel des techniques disponibles ou en cours de mise au point, ils devraient se trouver inclus dans les déchets de haute activité provenant du retraitement du combustible usé des réacteurs nucléaires.

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Après Fukushima : l’arnaque de la quatrième génération

22 mars 2011,

Dans les années 70 j’ai consacré une partie non négligeable de mes loisirs à participer à des débats publics sur l’énergie nucléaire. Nous étions un petit nombre d’enseignants de l’Université de Lyon qui avions été séduits par les thèses écologistes, à la suite de Philippe Lebreton, jeune et brillant professeur qui avait compris la dimension politique de l’écologie à travers son combat pour la défense du parc de la Vanoise. Nous nous trouvions confrontés à la construction de plusieurs centrales nucléaires dans notre région, pour la simple raison que le Rhône fournit un débit important d’eau de refroidissement et bien que ce soit une zone d’activité sismique (carte ci-après). Il y avait sur le campus de l’Université Claude Bernard un Institut de Physique Nucléaire dans lequel la plupart des enseignants et chercheurs étaient en faveur du nucléaire civil. (suite…)

Nucléaire : mort-aux-humains

14 mars 2011,


L’entreprise nucléaire est née sous le signe du mensonge et de la dissimulation dès ses débuts.
Il s’agissait de faire oublier l’acte de naissance de cette technologie dévastatrice à Hiroshima en 1945, précédée quelques mois auparavant par une première explosion à Alamogordo au Nouveau Mexique intitulée Trinity.
On prétendit oublier que lors de cette première explosion nucléaire, certains des scientifiques responsables craignaient que l’atmosphère entière de la planète Terre prenne feu. Ils pratiquèrent cependant l’essai.
On accrédita ensuite l’image d’un nucléaire civil au service du progrès. Source miraculeuse d’une énergie inépuisable, affranchie des pestilences du charbon, du gaz et du pétrole. (suite…)

Candidat Hulot

10 mars 2011,

Appartenir à une famille qui a donné son nom à Monsieur Hulot, c’est déjà une référence .
Hulot pour rattraper de justesse le ruban de guimauve, Hulot pour déclencher par inadvertance un feu d’artifice, Hulot pour inventer un service inédit au tennis … Hulot pour être candidat à la Présidence de la République, pourquoi pas ?

On l’aime bien le vieux jeune homme casse cou, suspendu à ses cordes alpiniques, surfeur emporté par son cerf volant, plongeur es requins, sponsorisé par le capitalisme cosmétique et Edf, marchand de savonnettes, chantre hélitreuillé de la beauté de la nature.

Il est aimé du public qui fait la différence avec les idéologues en chambre, les compétiteurs d’appareil, les aspirants à des sièges d’élus rentiers.

C’est un écologiste de conviction. On devrait dire un amoureux. Il y croit. Il ne dit pas de bêtises quand il parle de biodiversité, de réchauffement climatique, de déforestation, de désertification, de chaîne alimentaire, d’extinction des espèces, de taxe carbone…

S’il s’agit de clamer, de hurler l’urgence écologique, qu’il s’agisse de révolution ou de métamorphose (selon Morin), il serait un héraut parfait. C’est un séducteur de foules.

Cette course en sac pour la présidence d’une République usée, abusée, désabusée nécessite un homme qui a du souffle et qui souffle un ouragan sur ces économistes falsificateurs de droite et de gauche, qui en chœur nous annoncent sans rire  « la fin de la crise, la reprise de la croissance », nous promettent une société en crème Chantilly où l’on se bâfrerait de promesses non tenues, d’illusions procrastinatives…

Il ne s’agit pas  de décrocher le pompon élyséen réservé aux professionnels du job, de droite ou de gauche. Il s’agit d’utiliser une tribune quinquennale unique pour clamer la réalité de ce qui se passe. La vie est en danger. Nous, les humains, sommes solidaires de cette vie. Nous pouvons, nous devons inventer une nouvelle société, une fraternité du vivant. Il y a urgence.

Alors Hulot pourquoi pas ? Face aux prestations vides d’Eva Joly c’est un progrès.

Souvenez vous qu’Yves Cochet est prêt à se désister en sa faveur.

Alain Hervé